_
ArticlePublié le 13 janvier 2025

Le lease-back, une bouffée d’oxygène financière pour les entreprises en quête de liquidité

Face à des tensions économiques croissantes et des incertitudes géopolitiques qui bouleversent les prévisions, les entreprises doivent redoubler d’ingéniosité pour maintenir leur équilibre financier.

Dans ce contexte, le lease-back apparaît comme une solution flexible pour libérer des liquidités sans sacrifier l’usage des actifs essentiels.

Les entreprises françaises – des TPE aux ETI – continuent d’affronter des défis structurels et financiers majeurs, dans un contexte de hausse des coûts d’exploitation. La compression des marges, conjuguée à des difficultés d’accès au crédit bancaire traditionnel, fragilise de nombreuses structures. Cette tendance se reflète notamment dans les dernières statistiques de défaillances d’entreprises, avec une hausse de 20 % sur le troisième trimestre de cette année, et un record de 66 000 défauts entre septembre 2023 et septembre 2024.1

Le principe du lease-back

Le lease-back, également connu sous le terme de cession-bail ou sale and lease-back, est une opération financière qui permet à une entreprise de céder un actif (matériel industriel, véhicules, biens immobiliers, ou même des biens immatériels comme des logiciels, un ERP, etc.) à un établissement financier spécialisé, tout en continuant à l’utiliser via un contrat de crédit-bail.

Si la propriété juridique est transférée à l’acheteur, l’entreprise cédante conserve la pleine jouissance opérationnelle du bien, tout en bénéficiant d’un apport immédiat en trésorerie. Cette solution financière peut répondre à différents objectifs stratégiques : résoudre une tension de trésorerie, financer un projet de développement ou encore optimiser la structure bilancielle de l’entreprise. Au terme du contrat, l’entreprise peut lever l’option d’achat pour redevenir propriétaire du bien.

Historiquement utilisé dans le secteur immobilier, le lease-back a pris de l’ampleur dans de nombreux domaines, notamment l’industrie et les transports, en réponse aux besoins croissants de flexibilité financière. Une compagnie aérienne peut décider de conclure une opération de lease-back sur des moteurs d’avions de rechange, par exemple, afin de monétiser ces actifs stratégiques mais considérés comme improductifs, tout en maintenant leur disponibilité en cas de besoin2.

Les trois avantages financiers du lease-back

1) La libération rapide de liquidités : le lease-back permet de débloquer rapidement des fonds substantiels. En vendant une partie de ses actifs, l’entreprise obtient des liquidités sans délai et sans recourir à des financements externes, de quoi revitaliser sa trésorerie dans une optique qu’elle jugera opportune pour son activité.

2) Un maintien de l’usage des actifs : contrairement à une vente classique dans laquelle l’entreprise perdrait l’usage de ses biens, le lease-back lui permet – moyennant le paiement d’un loyer – de continuer à exploiter les actifs vendus, évitant ainsi des interruptions dans ses opérations quotidiennes.

3) Une amélioration de la structure financière : sur le plan comptable, le lease-back permet de convertir des actifs immobilisés en trésorerie disponible, ce qui améliore la structure du bilan de l’entreprise. Cela peut rendre l’entreprise plus attractive aux yeux des investisseurs ou des établissements financiers, en allégeant son endettement net et en renforçant ses ratios de solvabilité.

4) Un cadre fiscal intéressant : le lease-back présente également des avantages fiscaux significatifs. Les loyers versés dans le cadre du crédit-bail sont généralement déductibles des résultats imposables de l’entreprise. Cela permet de réduire la base d’imposition, et ainsi une diminution de l’impôt sur les sociétés.

 

Selon la nature des actifs et la législation en vigueur, il est aussi possible d’obtenir des avantages supplémentaires liés aux amortissements. La charge d’amortissement est remplacée par des loyers opérationnels, directement comptabilisés comme des charges d’exploitation. Par exemple, si une entreprise possède un immeuble de 1 M€, l’amortissement sur 20 ans représenterait une charge annuelle de 50 000 €. En lease-back, la charge des loyers pourrait s’élever à 75 000 €, soit plus élevés que la charge d’amortissement, mais l’opération resterait plus avantageuse fiscalement car les loyers sont entièrement déductibles, là où seule une fraction de l’amortissement l’est.

Les risques à anticiper

Malgré ses nombreux avantages, le lease-back comporte aussi des risques. Pour commencer, il est essentiel de bien juger quels sont les actifs les plus stratégiques à céder et d’en évaluer soigneusement la valeur de marché. Une sous-évaluation pourrait limiter les bénéfices financiers immédiats, tandis qu’une surestimation pourrait rendre les loyers trop élevés par rapport à la valeur réelle de l’actif, grevant ainsi la rentabilité à long terme. Les loyers à verser peuvent d’ailleurs représenter une charge importante à long terme, qu’il est nécessaire d’évaluer avec précision pour s’assurer de leur soutenabilité budgétaire et éviter toute difficulté à venir.

Ensuite, il est important de s’assurer de la solidité et de la flexibilité du contrat de location. Celui-ci doit prévoir des conditions de renouvellement ou de résiliation adaptées aux besoins de l’entreprise, ainsi que des clauses de rachat ou de ré-acquisition des actifs à des conditions acceptables. Enfin, l’entreprise doit évaluer attentivement sa capacité à racheter l’actif à l’issue du contrat de crédit-bail, au risque de perdre définitivement la propriété de cet actif stratégique.

 

Pour les entreprises en quête d’agilité, qu’elles soient en difficulté ou en phase de croissance, le lease-back représente une approche structurante pour renforcer leur santé financière tout en maintenant leur capacité opérationnelle, et en tenant compte des coûts et des implications à long terme, cette stratégie permet de maximiser les bénéfices de tout en limitant les risques associés.

Ces articles pourraient aussi vous intéresser

Ce site utilise des cookies et vous donne le contrôle sur ce que vous souhaitez activer.