Episode 1 : France Active, un bouclier anti-crise
« Il fallait aller vite, très vite, pour libérer des fonds auprès des entreprises en difficulté… En parallèle, nous devions jongler avec quatre systèmes d’informations et les 70 collectivités partenaires. Nous avons choisi de partir d’un outil flambant neuf. »
Dans les coulisses de…
France Active, un bouclier anti-crise | Épisode 1
Une interview de Jonathan Leveugle, Directeur des aides aux entreprises pour la Région Île-de-France
France Active, un bouclier anti-crise
La France reste un pays d’entrepreneurs : l’Insee a dénombré près de 850 000 sociétés créées en 2020, soit presque 35 000 de plus qu’en 2019. Les entreprises individuelles en particulier ont progressé de 6% quand « les autres types d’entreprises sont restés stables, ce qui, pour une année de crise est une performance remarquable, alors que l’activité économique a chuté de près de 10 % », soulignait le journal Les Echos en janvier dernier.
Cette dynamique s’explique par de précieux leviers, à commencer par les crédits bancaires. Nous donnons aujourd’hui le coup d’envoi d’une mini-série qui nous emmènera à la rencontre des établissements de crédit.
Ce premier épisode nous emmène dans les coulisses de France Active Île-de-France. L’organisme accompagne et finance les personnes éloignées de l’emploi : autrement dit, celles qui rencontrent plus de difficultés à obtenir un emprunt classique.
L’année 2020 a marqué un tournant et notamment dans l’histoire de France Active IDF : pour faire face à la crise COVID-19, la Région Ile de France s’est tournée vers France Active IDF et 3 autres réseaux d’associations nationales pour piloter la mise en œuvre d’un dispositif d’urgence intitulé programme Résilience.
Il a fallu imaginer et déployer de nouveaux dispositifs de soutien financier… en un temps record !
Les deux associations franciliennes France Active IDF et Initiative France IDF ont donc formé une structure adhoc, Initiactive IDF, mobilisée pour aider sur la période près de 4000 entreprises.
Jonathan Leveugle, alors aux commandes de l’association, nous livre le récit de ces mois mémorables.
La « résilience », version opérationnelle
« Les Pouvoirs publics ont, depuis la fin des année 80, déployé tout un arsenal de politiques en faveur des personnes éloignées de l’emploi, rappelle Jonathan. L’aide à la création d’entreprise en fait partie. Notre réseau mobilise des subventions, garanties, emprunts bancaires ou fonds propres, en fonction de la typologie de chaque projet, mais aussi en fonction de son étape de vie. »
En effet, France Active ne soutient pas exclusivement les créateurs : le développement d’une entreprise existante ainsi que le rebond et la ré-orientation, font partie de ses missions.
L’année dernière, en pleine crise Covid-19, l’organisme a lancé un projet baptisé « Résilience ». Objectif : accompagner les entreprises franciliennes en complément des PGE (prêts garantis par l’Etat) et des prêts Rebond de la BPI :
« L’idée était de soutenir les structures de l’économie sociale et solidaire, les créateurs, repreneurs d’entreprises et plus généralement toutes les TPE, PME qui ne satisfaisaient pas les critères classiques pour toucher un PGE ou pouvoir mobiliser un prêt Rebond », explique Jonathan Leveugle.
« Le conseil Régional, la Banque des territoires et les Collectivités se sont réunis pour réfléchir à de nouveaux outils financiers. Ils nous ont confié, ainsi qu’à trois autres grands réseaux nationaux, la création et la gestion d’un fonds de 100 millions d’euros. Nous nous sommes retrouvés tous les quatre, à devoir le mettre en place en à peine plus d’un mois, avec 70 collectivités partenaires. Dans ce laps de temps extrêmement court, il a fallu faire des choix risqués. »
L’un de ces choix fondateurs portait sur le logiciel Métier et c’est dans ce cadre que le directeur de France Active Île-de-France a rencontré l’équipe de Xloan.
Deux outils flambant neufs
« La première question, c’était celle des outils, poursuit Jonathan Leveugle. Nous nous sommes très vite rendu compte que nous ne pourrions pas faire appel à un seul et unique outil – du front au back office- parce que nous devions avoir une plateforme mutualisée de recueil des demandes et en même temps un outil performant pour gérer des enveloppes avec des exigences très fortes. »
Les quatre réseaux écartent également l’idée d’ouvrir leurs SI respectifs aux autres. « C’était trop compliqué, pour des raisons de gouvernance des systèmes d’information, de technicité et de rapidité. Il nous fallait partir sur quelque chose de complètement neuf. »
« Nous avons choisi un outil de front-office, et un outil de back-office : Xloan. Avec des passerelles entre les deux, pour faire transiter les données. Nous avons déployé un robot (RPA) qui nous a facilité la tâche, parce que tout cela devait être déployé dans l’urgence. »
Xloan a été choisi sur recommandation d’une utilisatrice. « C’est un outil efficace, qui permet une bonne gestion des enveloppes. Ce qui nous a inquiétés au début, c’était la capacité d’aller vite – parce que c’était vraiment notre objectif numéro 1. Nous avons été bien épaulés : l’équipe Xloan a très vite compris cet impératif-là et a su, dans un délai très court, mettre en place un dispositif projet et une plateforme SaaS pour nous permettre de lancer les premiers financements en moins de 2 mois.. Au démarrage, nous n’avions pas besoin de fonctionnalités en cascade : celles qui étaient prévues de base nous satisfaisaient. Il s’agit de « simples » prêts à taux zéro. »
Une histoire de rencontres
Jonathan Leveugle insiste sur un point : l’humain. En effet, il a formé un bon binôme avec Benoît Valentin, expert projet Xloan. « Pour nous, qui n’avons pas de DSI au niveau régional, c’est très appréciable ! Benoît a vraiment pu faire le lien entre nos équipes et celles de l’éditeur, ce qui a rendu possible le « fit » culturel et nous a permis de tenir les délais pour avoir un outil déployé dès juillet, notamment sur la partie décaissement. »
135 millions d’euros ont été libérés à ce jour, pour quelque 7 000 entreprises. Le fonds représente une belle mobilisation collective : « Nous avons ouvert 250 accès sur le front-office, et 10 en back-office sur Xloan. Cela fonctionne très bien comme cela.
Dès le départ, nous sommes partis en mode agile. On savait qu’on devait avoir un système qui permettait de gérer les enveloppes, décaisser les prêts, éditer les contrats… et ensuite faire du reporting, gérer le remboursement des prélèvements – mais on n’avait pas besoin de tout cela, immédiatement… En juillet, on nous a donc livré d’abord la partie gestion des enveloppes et puis l’émission des contrats jusqu’à la partie déblocage des fonds. A cette date, on n’avait rien encore sur la partie prélèvements et reporting : cela nous a été remis plusieurs mois après. »
C’est ainsi que le projet a pu voir le jour. Le système mis en place présente un autre avantage : rassurer les financeurs. L’automatisation permet de flécher facilement un montant X d’une enveloppe A à une enveloppe B. « Le reporting permet d’indiquer à chaque financeur le montant exact de ce qui a été engagé et de ce qui reste à percevoir. »
Cette expérience pluri-acteurs, pluri-opérateurs et pluri-financeurs, le tout à grande échelle, a ancré dans la durée quelques bonnes pratiques. « Le réseau des associations est très peu outillé sur la gestion des prêts et je trouve que ça vaudrait le coup de bénéficier d’un outil partagé, malgré tous les problèmes de gouvernance qu’on peut imaginer. »
Fier de ce projet hors normes, Jonathan Leveugle conclut en rappelant qu’il a été exceptionnellement prolongé : « Le projet devait se terminer fin 2020. Mais cela a tellement bien fonctionné que Valérie Pécresse l’a poussé pour qu’il puisse se poursuivre en 2021. Elle a eu gain de cause auprès de l’Etat… et toutes les collectivités ont « remis au pot ». Trois autres régions avaient monté un outil similaire d’avance remboursable à taux zéro pour les TPE-PME de leurs territoires, mais la région Île-de-France a été la seule à le poursuivre. »